Introduction d'un article d'Alain Bergounioux que vous pourrez lire en totalité en cliquant sur le lien suivant: vérité sur les programmes
"On aurait tort de ne lire les programmes des candidats de la droite à la candidature pour l’élection présidentielle qu’à travers le prisme de la primaire de novembre. Certes, celle-ci pousse à la surenchère, à droite, compte tenu de la nature de l’électorat en cause, ancré dans les valeurs de droite, plus âgé, plus aisé que la moyenne de l’électorat. Mais, des logiques de fond sont aussi à l’œuvre, depuis plusieurs décennies. Depuis les années 1980, en fait, occultées parfois – Jacques Chirac, 1995 – par des inflexions tactiques, mais toujours bien visibles. Elles revêtent, en effet, deux dimensions essentielles. La première se construit autour de politiques économiques et sociales néolibérales qui ont effacé la tradition gaulliste – l’évolution de François Fillon est, de ce point de vue, caractéristique. La seconde dimension, constante, autour d’une affirmation de plus en plus nationale et identitaire, faite, fondamentalement, de défiance vis-à-vis de l’immigration – le poids du Front national y est, évidemment, pour une large part, mais pas seulement -, comme le montrent d’autres droites européennes, à commencer par le conservatisme thatchérien, au cours de ces mêmes années 1980.
Cela fournit une grille de lecture qui permet d’ordonner ce qui peut paraître comme un fouillis de propositions, au premier abord, compte tenu du nombre de candidats. Et l’on verra qu’elle fonctionne plutôt bien. Les candidats de droite s’affrontent fondamentalement dans ce cadre, avec des différences d’intensité, en matière économique et sociale (63, 64, ou 65 ans à propos du report de l’âge de la retraite) (80, 100, ou 150 milliards d’économies en 5 ans), avec des oppositions plus nettes en matière sociétale, mais prises dans un mouvement d’ensemble qui tend à isoler les « modérés ».
Il faut, cependant, y ajouter deux autres points : l’un qui fait consensus à droite, et n’étonnera pas, c’est ce souhait de « revanche » vis-à-vis des socialistes, qui amène à revenir sur les principales avancées sociales du quinquennat – et leur liste montre qu’elles ne sont pas anodines -, l’autre, c’est la volonté d’agir autoritairement, en contournant les partenaires sociaux, ce qui est attendu, mais même le Parlement, pour plusieurs candidats – par le truchement des ordonnances, notamment."